mardi 13 novembre 2018

Bicyclette de papa


(texte de ma grande soeur Changqing SHU)

爸爸的单车

La bicyclette de papa




        老早就知道江南的烟雨孕育出了太湖明珠的璀璨,老早就向往太湖的碧波荡漾,老早就喜欢有一个叫无锡的地方。在这个冬还没来到身边的时节,我经上海来到了无锡,想在喧嚣的凡世中,找到一份自己的雅趣和心灵的安静、一点自然与纯净。
J’entendais toujours dire que la brume et la pluie fine du sud du pays a généré la pureté du lac Taihu. Depuis longtemps, je rêvais de voir les flots bleus du lac et j’avais envie d’aller à un endroit qui s’appelle Wuxi. A cette saison où l’hiver ne s’est pas encore installé, je suis arrivée à Wuxi via Shanghai, recherchant un petit plaisir et un calme d’âme, un peu de nature et de pureté.

        不知道是自己的心累了还是体力不支 了,到无锡的时候 已过中午,随便吃了点一点都不想出去,就回房间懒洋洋靠在床上看起来电视。电视上一个镜头让我突然回想起了一些陈年往事:
Par une fatigue je ne sais pas morale ou physique, arrivée à Wuxi à midi passé, je n’avais pas tout de suit envie de sortir visiter la ville après avoir mangé quelque chose de simple. Je suis restée alors dans la chambre d’hôtel, regardant la télé. Une scène passée à la télé a fait surgir, soudainement, quelques souvenirs...


那是在我读初中二年级的冬天。不知道是那时冬天更冷的缘故还是现在的衣服更御冷的因素,在我的记忆里那时的冬天老是寒风凛冽的。那时我在爸爸就教的横街中学读书,妈妈和妹妹在十几里外的小学工作,奶奶又在二十里外的县城生活。全家人的交通工具基本都是统一的双脚。一个傍晚爸爸突然骑着一辆崭新的自行车出现在我的视线里,啊,爸爸买自行车了,那可有点太奢侈了。原来是小姑姑帮助才买起来的,我还记得那是一部叫长征牌的自行车。这部自行车可是当时我家里唯一的一件奢侈品。兄妹几个心里高兴得不得了。

Cet hiver-là, j’étais en deuxième année au collège (« le 5ème » en France). Je ne sais pas s’il faisait vraiment plus froid en hiver ou que les manteaux d’aujourd’hui résistent mieux au froid, dans mes souvenirs l’hiver était toujours glacial. Je faisais mes études au collège où travaillait mon père, ma mère et mes sœurs étaient à l’école primaire à sept ou huit kilomètres, ma grand-mère vivait en ville à une grande dizaine de kilomètres. Le moyen de transport de la famille, c’étaient nos pieds. Une fin de journée, papa parut devant mes yeux sur une bicyclette toute neuve. Ah, papa a acheté une bicyclette, quel luxe ! J’ai su plus tard que mon père a pu le faire grâce à l’aide de ma tante. Je me rappelle que c’était de la marque « Changzheng (longue marche) ». La bicyclette devint notre seul objet de luxe et on en était tous très contents.


当时我也不会骑,爸爸带我也很少。两个妹妹在妈妈教书的小学读书。爸爸每天就骑着这部车穿梭于中学小学十几里的乡村小路。有时把在中学养的鸡下的蛋用布袋装起来挂在脖子下傍晚骑车送到妈妈小学里给妹妹们吃。早上来中学的时候又把妈妈给我和哥哥吃的穿的骑车带上来。有时过年回奶奶家 ,爸爸车子上驮满了年货还有两个妹妹,爸爸推着自行车我和妈妈哥哥在旁边走,一家人也常常就这样来往于县城和我们平时生活的乡下。其乐融融啊!、、、、、

A l’époque je ne savais pas faire du vélo et papa ne m’emmenait pas souvent. Mes deux petites sœurs vivaient à l’école primaire où enseignait ma mère. Chaque jour, en fin de journée, papa mettait des œufs des poules qu’il élevait au collège dans une poche en tissu, allait à l’école primaire de ma mère avec la poche autour du cou et apportait les œufs pour mes sœurs. Le lendemain matin il revenait au collège et apportait, à mon grand frère et moi, de la nourriture et des vêtements que ma mère avait préparés. Des fois on allait chez grand-mère pour passer le nouvel an. Dans ce cas-là, la bicyclette devait porter beaucoup de provisions pour la période de fête, y ajoutant mes deux petites sœurs. Papa poussait le vélo, ma mère, mon grand-frère et moi nous marchions à côté. Notre « tribu » faisait de tels trajets entre la ville et la campagne où nous vivions. C’était un bonheur ! ….


再后来我和哥哥都来到了县城读高中了,爸爸的车常让哥哥骑,哥哥不是很喜欢读书,老喜欢到录像厅看录像。自行车又成了爸爸到录像厅找哥哥的道具。一般在那个录像厅门口只要看到爸爸自己的自行车,哥哥往往就一抓一个准,呵呵。我高考那年哥哥每天用这部自行车送我去考场,那时的夏天晚上也很热,一般人的家里都没有电风扇,妈妈晚上就一直给我扇扇子,但我也没怎么争气那年我还是落榜了。再后来我工作了,我结婚了,我有了儿子了。儿子特别喜欢爸爸妈妈。爸爸的那部自行车又成了运送儿子和儿子喜欢的食品的工具了。再后来爸爸也退休了,随之退休的还有那部在我家立下了汗马功劳的长征牌自行车。在我的记忆里爸爸好像也只有买过那一部自行车,和我一样爸爸也没学会骑摩托车和什么电瓶车。爸爸妈妈现在基本上都老坐公交车或走路。他们很少让我开车去接送他们。在他们的心里似乎我们这些做儿女的都特别的忙,他们好像都特别的不好意思打扰我们似的。唉!

Plus tard, mon frère et moi nous sommés entrés aux lycées en ville et papa prêtait souvent son vélo à mon frère. Mon frère n’aimait pas les études, il allait souvent regarder des films dans des petites salles (privées). Le vélo était un moyen par lequel mon père parvenait à le trouver : papa faisait le tour des salles et quand il voyait le vélo à l’extérieur, il entrait et y attrapait sûrement mon frère.

L’été où je passai le concours Gaokao (le concours pour entrer à l’université) mon frère m’emmenait aux examens tous les jours avec ce vélo. Le soir d’été était toujours extrêmement chaud et très peu de foyers possédaient un ventilateur. Maman me rafraîchissait avec un éventail dans la nuit, mais j’ai quand même échoué le concours.

Encore plus tard, j’ai commencé à travailler, je me suis mariée et j’ai eu un fils. Mon fils adorait mes parents et le vélo de papa est devenu l’outil qui transportait mon fils ainsi que des objets, comme la nourriture, pour lui. Et après, papa a pris sa retraite, ainsi que la bicyclette « Longue marche » qui avait tant contribué.

Dans mes souvenirs c’était la seule bicyclette que papa a achetée ; comme moi, il n’a pas appris à monter sur une moto ou un scooter. Mes parents se déplacent maintenant en bus ou à pieds. Ils me demandent rarement de les déposer en voiture. Dans leur tête, les enfants sont toujours très occupés et ils se gênent s’ils nous « dérangent ». Hélas !

   





jeudi 1 février 2018

Prendre le train


Je n’avais jamais pris le train avant de quitter ma ville (de province Jiangxi) pour l'université (à Wuhan, de province Hubei) à 17 ans.

Quand j’étais toute petite, la nuit, j’entendais toujours les coups de sirène des trains qui étaient les seuls bruits à l'époque. Pendant la journée, puisqu'il y avait beaucoup moins de bâtiments, sur le seuil de la maison, on pouvait voir loin, jusqu’à la fumée des trains bien plus épaisse que maintenant. Le train était alors un objet abstrait et curieux pour moi, composé par le bruit nocturne et la fumée diurne.

La première fois que je voyais le train, c’était pour accompagner un oncle qui habitait à Guangzhou – le seul membre de la famille qui habitait une grande ville. Il était quelqu’un d’important pour la famille, respecté par tous les membres, y compris ma grand-mère, parce qu’il était le frère aîné et peut-être aussi qu’il était d'une grande ville. Je me rappelle que ce jour-là, la famille – ça veut dire la nôtre, celles de mon autre oncle et de mes tantes – sans aucune exception, l’a accompagné à la gare. Il est monté dans le wagon et nous regardait par la fenêtre. Tout d’un coup le train a poussé un coup de sirène strident, signifiant qu’il allait partir. Toute la famille lui faisait signe d’adieu sauf moi qui fixait mon oncle du regard, plongée dans une tristesse sans raison. Il m’a regardée et puis le train est parti.

Le train était toujours abstrait dans ma tête : gigantesque, lourd qui partait aux endroits inconnus et lointains, très lointains.

Enfin, j’ai eu l’occasion de prendre le train et donc de sortir de ma petite ville natale. A 17 ans, après le lycée, j’ai été recrutée par une université dans une autre province, à seize heures de train (maintenant neuf heures) de mon pays natal.

Le premier départ était plutôt tranquille. Avec mes deux gros bagages, je suivais une fille plus âgée que moi, qui paraissait avoir des expériences pour prendre le train. Toute ma famille, y compris les oncles et les tantes, m’ont accompagnée à la gare. Et puis, le train est parti.

On a pu, étonnamment, trouver chacune une place grâce à cette fille. Elle demandait aux passagers du wagon un par un pour savoir à quelle station ils descendraient, et puis nous attendions à côté de celui qui descendrait une ou deux heures plus tard. C’était un des premiers trains climatisés. Moi, une débutante, ne portais qu’un short et un tee-shirt et tremblais de froid.

Peu à peu, la nuit tombait. Je m’accoudais sur la tablette, regardant l’extérieur – un lac, des collines, des champs ... - sous la lumière crépusculaire. Je me suis rendu brusquement compte que j’étais en train de m’éloigner de la maison, des parents, des frères et sœurs, de ma petite ville natale. J’avais le cœur lourd et les yeux humides que j’ai essuyés discrètement. Je savais que désormais, je serais ailleurs, où je devrais me débrouiller seule pour tout ce qui m’arriverait.

Dès lors, je prenais le train régulièrement quatre fois par année, deux allers-retours entre l’université et la famille : l’un pour les vacances d’été, l’autre pour le Nouvel An. Au fur et à mesure des départs et des retours, j’ai appris à les accepter, puisque la vie est composée par la joie de retrouvailles et la tristesse de séparations qui se succèdent.

Avant le premier retour, j’étais tellement excitée que, à un mois du jour, j’ai commencé à marquer sur le mur le nombre de jours restant. La veille, j’ai passé une nuit blanche. Et hop ! J’étais enfin dans le train, avec un garçon de la même région.

Le train est devenu torturant car les étudiants de tout le pays partaient et retournaient en même temps. S’y ajoutaient, surtout pour le Nouvel An, nombre de paysans qui gagnaient leur vie en ville mais retournaient à la maison pour la fête. Les contrôleurs s’inquiétaient même qu’on abîme les fenêtres et les portières.

La montée dans le train était le moment le plus effrayant pendant mes quatre années universitaires. Une fois, à la fin des vacances d’hiver (les vacances du nouvel an chinois), c'était le moment de repartir. La famille avait eu des soucis pendant plusieurs jours, réfléchissant à sélectionner les bras forts pour s’assurer que je puisse monter dans le train. Enfin, on a décidé la liste de missionnaires : mon frère (le pauvre ! il s’en charge depuis l’entrée à l’université de ma soeur et de moi), le fiancé d’une cousine, un ou deux oncles, et mes parents qui m’aideraient à porter les bagages lourds à cause des nourritures de la région. Ainsi, malgré ma grande peur, nous sommes arrivés à la petite gare. Je partais avec une autre fille qui, ayant la famille à la campagne, était à la charge de mon escorte.

On attendait l’arrivée du train. Je faisais semblant d’être calme et essayais de bavarder avec les autres car, même si on pleurait ou hurlait, on devrait prendre le train.

Le train est réellement arrivé! La foule se bousculait vers les portes et aussi les fenêtres. Voyant trop de gens aux portières, nous décidions d’entrer par la fenêtre. Le fiancé de ma cousine qui était heureusement un garçon grand m’a soulevée afin que je puisse grimper. Quand j’ai saisi le bord de la fenêtre, il m’a lâchée, croyant la mission accomplie. Alors que je n’étais pas tellement sportive pour entrer par la fenêtre avec les jambes en l’air. J’ai crié au secours, le jeune homme m’a poussé d’un grand coup et j’ai pu entrer et atterrir à l’intérieur du train, entre les genoux des passagers assis sur les places précieuses.

Quant aux bagages, on me les a passés par la porte, sur les têtes furieuses. Je les ai tirés pour les récupérer. On a beaucoup apprécié mon habileté et ma force, tandis qu’on a mis plus de temps et d’énergie pour monter l’autre fille qui partait avec moi. Mon frère a dit qu’il était entièrement en sueur après avoir poussé cette fille-là qui était la plus maladroite qu’il avait connue.

Une autre fois, dans le train, je n’arrivais qu’à mettre un des pieds sur le sol. J’avais l’autre pied en l’air, restant oblique, jusqu’à ce que je m’installe un peu mieux. Il est embarrassant d’avouer que, j’ai pu améliorer ma situation parce que je me sentais tellement mal que j’ai vomi. Malgré la densité, les gens se sont écartés. Une femme ayant de la pitié m’a dit d’en profiter pour pénétrer dans le wagon (j’étais entre deux wagons au début), et j’ai pu, magiquement, avancer jusqu’à l’intérieur du wagon.

On était debout pendant tout le trajet. Mais puisque personne ne pouvait rester debout pendant des heures, chacun se débrouillait. On s’asseyait sur la valise, le sac, ou par terre si l’espace le permettait. On somnolait, bavardait de temps à autre, draguait, mangeait, s’ennuyait, souffrait, ... jusqu’à l’arrivée.

Ce qui était ennuyeux, c’est que j’arrivais et partais toujours la nuit à cause des horaires de mon train. Pour le départ, toute la famille se levait à 4 heures du matin. Ma mère me préparait des nouilles pour le petit-déjeuner. Et puis, mon père sortait appeler le tricycle qu’il avait prévenu la veille. En cas de retour, l’ambiance était plus paisible. Etant donné que tout le monde, faible ou fort, pouvait descendre du train sans trop de difficultés, on n’avait donc pas besoin de grande escorte. Néanmoins, mon frère – le seul candidat constant pour me chercher à la gare chaque fois - se plaignait parfois de ce diable d’horaire. Surtout en plein hiver, on peut imaginer l’ennui d’être obligé de sortir de la couette et de partir dans le noir glacé.

Lorsque j’arrivais à la maison, mes parents étaient toujours réveillés, en train de me préparer à manger. Ma mère m'apportait un thé bien chaud et observait ma mine et ma forme. J’avais hâte de me laver pour faire disparaître l’odeur particulière du train. Après la douche, le repas était prêt. Je me forçais à manger car le train me donnait toujours mal à l’estomac.

Et puis, j’étais au lit, écoutant le silence et arrivant rarement à m’endormir tout de suite. Le lendemain matin, ma nièce ne tardait pas à venir frapper à la porte en appelant « petite tante », doucement comme une petite souris. Je lui ouvrais, elle montait dans mon lit et on bavardait.


Depuis que j’ai commencé à travailler, le train m’horrifie moins, puisque je suis toujours en wagon-lit. Quelque fois, j’entends parler combien c’est blindé dans les wagons-assis, je me sens, égoïstement, heureuse de mon confort et de ma sécurité.